Psychomotricité & Autisme (TSA)

Qu’est-ce que l’Autisme?

En 1943, le psychiatre américain Léo Kanner décrivit pour la première fois l’autisme infantile précoce dans son article « Autistic disturbances of affective contact ».

L. Kanner soulignait déjà dans son article la précocité des troubles, le retrait social (aloneness), le besoin d’immuabilité (sameness), les comportements répétitifs et compulsifs, un langage atypique et quelques talents spectaculaires malgré un développement retardé.

  • Le retrait autistique (aloneness)

Il s’agit d’une absence massive de contact avec la réalité externe aboutissant à un état « d’extrême solitude autistique qui ignore et exclut tout ce qui vient de l’extérieur vers l’enfant ».

Le contact visuel est pauvre ou absent, le regard est vide, inexpressif.

Parallèlement, la personne atteinte d’autisme présente souvent une crainte, voire un refus de contact corporel et il arrive parfois que celle-ci utilise une partie du corps d’autrui comme un objet ou comme un prolongement de son propre corps.

  • Le besoin d’immuabilité (sameness)

Il s’agit du besoin impérieux de la personne atteinte d’autisme de maintenir la plus grande stabilité dans ses repères environnementaux.

Des modifications mêmes minimes peuvent être à l’origine de manifestations d’angoisse.

  • Les stéréotypies

Ce sont des mouvements répétitifs, souvent rythmés dans lesquels la personne paraît s’absorber. Ces stéréotypies semblent lui procurer une intense satisfaction et excitation.

  • Les troubles du langage

Ils sont constants mais ont des aspects variés.

Lorsque les personnes possèdent le langage, celui-ci a des caractéristiques particulières :

–          L’inversion pronominale « je-tu » ne s’opère pas chez eux, ils ne s’approprient pas la phrase.

–        Il existe souvent une répétition écholalique c’est-à-dire que la personne est amenée à répéter de façon presque littérale et souvent avec la même intonation certaines phrases ou segments de phrases entendues antérieurement.

–          L’accès au « oui » est souvent difficile.

–          La personne atteinte d’autisme peut aussi inventer un néo langage, la signification lui reste personnelle.

–          Pour finir, l’acquisition de la lecture est décrite comme possible mais la compréhension reste difficile du fait de la fragmentation et du peu de lien fait entre les mots.

  • Les troubles de la pensée

L. Kanner a insisté sur l’impression subjective que donnent ces personnes atteintes d’autisme d’être intelligents. Il soulignait alors la différence entre ces enfants et les enfants déficients intellectuels.

Asperger

A l’instar de L. Kanner, H. Asperger suggère aussi l’existence d’une perturbation du contact à un niveau profond de l’instinct. Il note également les difficultés de communications de ces enfants, d’adaptation au milieu social et la présence d’exploits intellectuels dans des domaines restreints à côté de capacités intellectuelles pourtant lacunaires

Il décrit aussi la pauvreté du contact visuel, l’empathie, l’anticipation limitée et les altérations de la communication.

Aujourd’hui, les spécialistes utilisent l’appellation syndrome d’Asperger pour décrire ce que l’on nomme plus communément l’autisme de haut niveau. Une appellation qui concerne les personnes atteintes d’autisme possédant des aptitudes linguistiques très développées avec des manifestations autistiques minorées.

Crières diagnostic

 

On parle aisément maintenant de diade depuis le DSM V mettant en avant :

 

A. Difficultés persistantes sur le plan de la communication et des interactions sociales (présentes ou à l’histoire) (3 de 3 symptômes).

1. Réciprocité socio-émotionnelle (initiative et réponse sociale, conversation, partage d’intérêt et d’émotions).

2. Déficit dans la communication non-verbale (coordination des moyens de communication verbaux et non verbaux; intégration des moyens verbaux et nonverbaux au contexte; utilisation et compréhension du contact visuel, des gestuelles, de la posture, des expressions faciales).

3. Difficulté à développer, maintenir et comprendre des relations sociales appropriées pour l’âge; difficulté à adapter son comportement à différents contextes sociaux, difficulté à partager le jeu symbolique et imaginaire avec autrui, absence manifeste d’intérêt pour autrui

B. Comportements stéréotypés et intérêts restreints (présent ou à l’histoire) (2 de 4 symptômes)

1. Utilisation de mouvements répétitifs/stéréotypés, utilisation particulière du langage (écholalie différée, phrases idiosyncratiques, propos stéréotypés) et des objets (p.ex. alignement d’objets, rotation d’objets).

2. Insistance sur la similitude, aux routines et rituels verbaux ou non verbaux (p.ex. détresse importante face aux moindres changements, difficultés avec les transitions, pensées rigides, rituels de salutation figés, nécessité des mêmes itinéraires, manger la même nourriture, etc.)

3. Intérêts restreints, limités ou atypiques quant à l’intensité et au type d’intérêt (p.ex. attachement excessif à un objet inhabituel, ou intérêts trop limités à certains sujets ou prenant une place très importante).

4. Hyper ou hypo réactivité à des stimuli sensoriels ou intérêt inhabituel envers des éléments sensoriels de l’environnement (p.ex. Indifférence à la douleur/température, réponse négative à certains sons ou textures, fascination pour les lumières ou objets qui tournent.

 

Ces principaux critères sont ceux des classifications internationales DSMV Diagnostic and statistical manual of mental disorders 5ème version révisée 2013) et CIM 10 (classification internationale des maladies de l’OMS 10ème version, 1997). Actuellement, ils constituent les critères les plus usités.

Ces deux classifications placent l’autisme parmi les troubles du spectre de l’Autisme (TSA) et considèrent qu’il se manifeste dès les premières années de la vie.

Les troubles du spectre de l’Autisme se caractérisent selon le DSM IV par « des déficits sévères et une altération envahissante de plusieurs secteurs du développement, capacités d’interactions sociales réciproques, capacités de communication ou par la présence de comportements, d’intérêts et d’activités stéréotypés ».

® APEPA

Étiologies de l’autisme

L’autisme n’est pas une maladie mais un syndrome et l’on parlera plus facilement de facteurs de risques que d’étiologie. Les causes de l’autisme sont multifactorielles, il n’existe pas un autisme mais des autismes et aucune des explications suivantes ne peut prétendre à elle seule cerner l’autisme.

La recherche s’oriente aujourd’hui sur les facteurs génétiques, biochimiques, neuroanatomiques  et neuropsychologiques.

Je developpe dans l’article suivant  le modèle fondée sur les anomalies sensorielles (qui ne peut bien sur expliquer à lui seul le syndrome autistique).

 

La psychomotricité

https://www.cultura.com/autisme-et-psychomotricite-9782353272341.html?LGWCODE=9782353272341;131063;3487&gclid=EAIaIQobChMI8_ju9uij2gIVxZ8bCh1jXg2uEAYYASABEgKEvfD_BwE

Les troubles psychomoteurs sont présents à divers degrés chez de nombreuses personnes atteintes d’autisme.

Les troubles peuvent être de toutes natures, aucun trouble psychomoteur spécifique à l’autisme n’a pu être mis en évidence.

La personne atteinte d’autisme ne vit pas son corps de la même façon que nous; d’autant plus que des particularités sensorielles sont très souvent présentes.

 

Les principales difficultés semblent être au niveau:

 

♦ du schéma corporel (= représentation que chacun se fait de son corps et qui lui sert de repère dans l’espace)

♦ du tonus et de la posture

♦ de l’initiative motrice (difficulté pour un sujet d’accomplir une action de lui-même

indépendamment de toute proposition ou de tout ordre venant d’autrui)

♦ de la communication non-verbale et du contact, de l’imitation

♦ de l’intégration sensorielle (gestion, integration des stimulations sensorielles : auditives, tactiles…)

♦ de la structuration spatio-temporelle (= espace et temps)

♦  des praxies manuelles ( motricité fine, coordination) , idéatoires, constructives

♦ du graphisme

Avant la prise en charge un bilan psychomoteur sera établi afin de permettre de mieux connaitre les compétences et difficultés de l’enfant. Le bilan se veut global, il utilise des tests standardisés en fonction de l’âge de l’enfant (NEPSY 2, NP-MOT, DF-MOT, BLR, BHK…) Le Profil Sensoriel de Dunn est egalement proposé à la famille.

Le psychomotricien  se met également en lien avec les différents professionnels qui entourent déjà l’enfant ( médecins, psychologue, orthophoniste, professeur des écoles…) avec l’accord de la famille.

 

Quels sont les objectifs de la psychomotricité pour les personnes atteintes d’autisme?

 

♦ L’amélioration des capacités de communication et d’expression

♦  Augmenter les capacités d’imitation

♦ Apprendre à jouer avec quelqu’un de manière adaptée (habiletés sociales)

♦ Diminuer les troubles du comportement ( après en avoir compris les fonctions)

♦ Favoriser une meilleure appréhension de l’environnement (adaptation structuration spatio-temporelles)

♦ Les aider à découvrir les possibilités de leur corps et à mieux agir avec ( coordinations, dissociations, adaptation posturale..)

♦ Permettre de mieux intégrer les stimulations sensorielles

♦ Améliorer les capacités de motricité fine, de graphisme, les praxies manuelles, accompagner la latéralisation

♦ Améliorer les capacités visuo-spatiales, visuo-constructives

♦ Aider l’enfant à mieux s’organiser, planifier, augmenter son attention visuelle, auditive…

 

Les médiateurs utilisés en séance de rééducation psychomotrice sont très variés et sont choisis en fonction du projet thérapeutique et des intérêts de l’enfant. Il peut s’agir de jeux sensori-moteurs,  relaxation, musique,  parcours psychomoteurs, expressivité corporelle, danse,  jeux de doigts, jeux de société…

Il me semble également important d’utiliser pendant les séances de rééducation psychomotrice des moyens de communication adaptés (pictogrammes, photos, objets, planning, time-timer…) en lien avec l ‘orthophoniste et les familles afin d’accroître la compréhension et favoriser la prévisibilité → structurer le temps et l’espace.

Il est également indispensable de mettre en place des stratégies éducatives en lien avec les psychologues et la famille (économies de jetons, extinction, renforçateurs…) si nécessaire.